Finlande : pays sauvage (et des oies) d'Europe du Nord, un peu l'Ukraine de la Scandinavie, porte d'entrée sur la Russie (et porte de sortie de la Russie vers l'Europe, on appelle ça une plaque tournante, dans un autre jargon... Zone de transit de l'uranium de retraitement ?), a abrité la recherche sur le nucléaire, en particulier sur l'eau lourde, au temps des nazis.
Bienvenue en Finlande ! Tervetuloa Suomeen !
Villepin visite Areva WorldCe lundi, Villepin a visité Areva World, en Finlande, où Lauvergeon s'est affairé à convaincre. Convaincre que le chantier était bien organisé et avancé, convaincre que l'EPR est un excellent choix et qu'il faut en produire en série en France. Objectif réussi, si on lit les
propos rapportés. D'ailleurs, le choix de construire au moins un EPR en France lancé par Raffarin est ainsi officiellement entériné par Villepin. (On n'y reviendra plus là-dessus, les gars, enquête publique ou pas, Flamanville aura son réacteur de troisième génération !)
Pourtant la liste des progrès à réaliser par le maître d'oeuvre, Areva, est longue ! Car, sur le chantier d'Olkiluoto, Areva pêche dans plusieurs domaines, dont celui de la
sûreté. Ce qui n'est guère rassurant. Le béton est poreux (Avis aux automobilistes de la future A41 : Areva et Bouygues vont faire le macadam, vérifiez vos roues de 25 pouces et vos amortisseurs. Ca va swinguer comme dans un Orangina ! - Funky phénomène ?) et les éléments de la cuve seraient loin d'être fiables. La raison ?
Elle tient en deux mots : mauvaise organisation ! Qu'on le veuille ou non, Areva est une holding. Profilée pour faire du business, c'est une structure qui avance à marche forcée vers... le mur ! Rentabilité, productivité, efficacité sont quelques-uns des maîtres-mots qui résonnent dans le grand hall de la rue Lepelletier. Ici, on ne fait pas dans les sentiments, on broie les difficultés, les situations... et les hommes qui composent l'édifice (le mythe de Frankenstein). Et Olkiluoto, c'est le pompon !
La génération Areva est dans un bateau...La France n'a en effet plus de programme de construction intensive de centrale nucléaire depuis
20 ans. Ses ingénieurs qui, en 1981, étaient en pleine force de l'âge (35-40 ans) sont à présent à la retraite, ou y ont été mis de force lors de la mise en place des douillets plans de pré-retraite. Cette gestion déplorable (les spécialistes du knowledge management doivent dormir chez Areva) a conduit à un gap générationnel et à une perte de connaissance. Bilan : Areva rappelle régulièrement ses troupes trop rapidement mises au rebut pour pallier aux difficultés.
En Finlande, les "jeunes générations" sont donc envoyées au casse-pipe. Expérimentation au grand air (frais). Pas ou prou de préparation, un vrai Babel linguistique et des familles entières délocalisées dans les fjords finnois, où il n'y a rien à faire. Les voyages forment la jeunesse, c'est ce qu'on vous vend. Mais la réalité est autre : on ne se comprend pas, les conditions sont contraignantes pour les matériaux, on essaye d'apprendre sur le tas et on finit par s'y perdre dans les sous-traitants...
De toute façon ce qui compte, c'est que les Finlandais aient leur réacteur. On retrouvera donc des subventions de la France coulées dans le béton de cette "tête de série". C'est obligé. Car les 3 milliards d'euros des papetiers ne suffiront pas à rembourser les erreurs, les délocalisations, les consultants en pagaille, les solutions de rechange et des contrats onéreux car mal négociés faute de temps. Néanmoins, le "deal" arrange tout le monde. Areva finit son chantier et le gouvernement français peut prôner le nucléaire face au pétrole (en espérant que l'EPR sera massivement acheté par les américains et que Total continue ses bénéfices). Olkiluoto n'est pas un chantier, c'est un... capharnaüm !